Hourloup' Revengers
Zinguinchor Hourloup' Revengers, Ultraball 2100
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- PatouSch: Hourloup' champion, le reste c'est du bidon !
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Le match de la peur
--> Cyber Shaolin (13e) vs. Hourloup' Revengers (12e), tour final de la saison 2112. Compte-rendu d'Alice Hudukomba.
New Delhi. L'Ultra Stadium affiche complet, toutes les places sont déjà
parties depuis plusieurs jours. Impossible de réserver ne serait-ce qu'un
strapontin pour ma grand-mère Josette !
A l'évidence, jouer le maintien en Platinium lors de la dernière journée de
championnat, les supporters indiens s'y étaient préparés depuis un moment.
Malgré l'euphorie générée par le titre de Golden l'an dernier et le grand retour
des Cyber Shaolin en Elite, il était difficile aux troupes de Rippersly
d'espérer faire mieux que consacrer cette première saison à lutter pour le
maintien. Avant que ne débute cette dernière journée, les quatre promus occupent d'ailleurs les quatre dernières places.
Mais la surprise et l'angoisse viennent du nom de l'adversaire du jour :
Ziguinchor Hourloup'Revengers ! Personne n'imaginait voir les quadruples champions
de Platinium et leur coach Patou Schminoosh se retrouver eux aussi embarqués
dans cette lutte incertaine pour le maintien. A l'aube de ce dernier match, si
les Cyber Shaolin sont premiers relégables, les Hourloup' ne les devancent que
d'une petite place au classement, à la faveur du goal-average !
Ce match là sera donc décisif, et chaque équipe peut se raccrocher au
constat qu'elle possède encore son destin en main. Le vainqueur se maintiendra à
coup sûr, le vaincu descendra !
En cas d'égalité au score final, Hourloup' aurait l'assurance de rester
devant son adversaire du jour, mais le maintien et la relégation dépendront
cette fois des résultats des autres : New-Delhi pourrait se maintenir tout de
même si Darwin Uluru et Paris Sons of Century perdent tous les deux. En
revanche, si Paris gagne chez les Kalachnikovs d'Oulan-Bator et si Darwin
assure au moins le nul à Belfast, où les Renegades sont en liquidation, même un
score de parité ce soir à New Delhi ne sauverait pas Hourloup'...
Alors que les deux équipes s'apprêtent à faire leur entrée, le petit vieux
à côté de moi me décoche un sourire. Pitié. Croit-il qu'il va me faire oublier
l'absence de Mémé Josette ?! Le voilà en tout cas qui se met en demeure de me
raconter ses souvenirs. "Ah, Hourloup' et Cyber Shaolin, en 2102 c'était les deux
premiers de Platinium, moi je vous le dis ma bonne dame, jy étais ! Austin
Ekeji, Paul Aikhoje, Doc Vassalo, ah la la, les stars de l'époque, c'était autre
chose que ces fiottes de nos jours !"...
Un brouhaha indescriptible l'interrompt car les "fiottes" en question
viennent de pénétrer dans l'enceinte et font cercle sur ce magnifique terrain
décoré aux couleurs de Cyber Shaolin. Du sacré beau monde quand même, excusez du
peu : habillés en rouge sang, il y a là notamment le monstre polonais Zawieja,
le diamant russe "Volo" Volochine, le véloce Américain Chidi "Kommando" Cotter,
qui dispute là son dernier match en compétition officielle... Chez les
visiteurs, en bleu, le feu-follet norvégien Kvakkestad, le bloqueur lourd
Madanchi, l'ex-passeur d'Anchorage Robbie Hunter...
Mais surtout, deux superstars face à face. Tous deux font eux aussi leurs
gands adieux en pro ce soir, iIls ont d'ores et déjà annoncé leur départ en
retraite à la fin de cette saison.
A ma gauche, Ilivasi Smith, l'ex-capitaine des All Darks. 11
saisons d'activité dont 10 en Platinium, 175 matchs au compteur, 100 buts
marqués et + de 700 plaquages réalisés ! Il a quitté Auckland en début de saison
pour relever ce dernier challenge du côté de New Delhi, où on le vénère déjà
comme un demi-dieu...
A ma droite, Alam Sadegian, le capitaine d'Houloup' et de la sélection
iranienne, le feinteur de génie qui n'a connu que la Platinium tout au long de
sa carrière, depuis son 1er match à 17 ans avec les Revengers en 2101 ! Une
carrière entièrement dévouée à Ziguinchor, où il a déjà sa statue...
Lequel des deux achèvera en héros ce soir un parcours comblé d'honneurs et
de titres ? Lequel mordra la poussière et connaîtra la honte d'une relégation
comme point final de sa carrière ?
Comme dans toute bonne histoire, il faut aussi un traître. Ca tombe bien,
ce soir il y en a un de chaque côté.
Chez les Indiens, voici Ben "Oh oui" Ebi. A 28 ans, l'Africain termine une
carrière bien remplie du côté des Loosers puis des Cyber Shaolin. Arrivé depuis
3 ans à New Delhi, il s'y est imposé comme un titulaire indiscutable, gravissant
les échelons avec l'équipe et passant sans problème de la Silver League à la
Platinium.Son seul regret : n'avoir jamais eu sa chance au sein de la franchise
qui l'avait formé et où il avait signé son 1er contrat pro mais n'a jamais
été convoqué une seule fois en match officiel durant trois ans : chez les
Ziguinchor Hourloup' Revengers !
Les poignées de main qu'il a échangées avec Alam Sadegian et Odd-Inge
Kvakkestad, ses anciens brillants compagnons d'entraînement, avaient quelque
chose d'un peu spécial. Et que dire du regard de défi qu'Ebi vient de lancer à
Patou Schminoosh, le coach qui n'a jamais voulu lui laisser la moindre
opportunité de montrer son talent en Platinum...
De l'autre côté, Patou a décidé de faire confiance à Mahendra Vijayan. Un
blitzer indien de 22 ans formé en Hourloup' et inconnu du grand public, même du
public indien. Et pour cause : lorsqu'il a quitté son Kerala natal, en 2108, pas
une franchise du continent ne s'est intéressé à lui et n'a tenté de le
retenir... Quand Vijayan déclare qu'être recruté par Hourloup' était de toute
façon le rêve de sa vie, difficile de ne pas relever une pointe d'amertume dans
ses propos. Nul doute que le match de ce soir est un moment tout particulier
pour lui, un moment qu'il attendait depuis longtemps, et pas seulement parce que
sa famille est présente dans les gradins...
Il y a décidément de la revanche dans l'air, d'autant que les deux équipes
se sont déjà affrontées ici même il y a deux tours. Victoire de Cyber Shaolin
10-6, deux attaques au centre des locaux conclues rapidement par Smith et
Cotter, contre un seul but à 6pts du voltigeur brésilien d'Hourloup', Papaleo Da
Silva. Une erreur de timing dans la combinaison de passe Sadegian-Hunter avait
empêché Da Silva de récidiver sur la 2e attaque. Conscient d'avoir bouffé la
feuille lors de cette 1ère manche, le capitaine Sadegian a juré de se rattraper
ce soir. Réussira-t-il à tenir parole ?
Mais l'heure n'est plus à ruminer le passé. Le coup d'envoi est donné,
place au jeu.
Zawieja est le premier à s'élancer, il est déjà dans le match.
Sa détermination rassure la foule. Il y a quinze jours, il a pris le dessus sur
Sadegian en vitesse pure et semble bien parti pour récidiver ce soir. Depuis
qu'il a signé ici : 2 matchs, 2 victoires. La passe de trois ce soir, et il sera
le sauveur de tout un peuple.
Mais la tactique indienne ne respire pas franchement la sérénité. A part
Magic Straeuli, qui se charge de la balle, tous les joueurs de New-Delhi se
regroupent en un seul bloc, comme si Zawieja, Ebi et Cotter avaient peur de
lâcher Smith d'une semelle. Le pack progresse au nord tandis que la défense
Hourloup' propose une curieuse asymétrie avec 3 joueurs échelonnés sur le
bord sud et deux positionnés dans l'axe ! De la strat illisible comme il faut,
100% Patou. Le ton est donné.
Straeuli revient au centre et s'apprête à chercher Smith dans la
profondeur, mais la défense d'Hourloup' s'est diaboliquement replacée et
Sadegian + Knowles se retrouvent tous deux sur la trajectoire. L'inquiétude du
public redouble quand Zawieja manque son balayage sur Tsipko, le 2e bloqueur
d'Hourloup'. Tout est réuni pour que les Revengers interceptent et lancent un
contre assassin.
Eh non ! Gêné par Sadegian, Straeuli dévie totalement sa passe qui s'en va
mourir contre le mur nord, là où personne ne l'attendait. Zawieja s'est déjà
ressaisi, il esquive Tsipko et empêche Knowles d'aller ramasser la balle. Qui
s'y colle ? C'est Ben Ebi qui la reprend pour Cyber Shaolin et repart aussitôt
vers le but. Tiendrait-il enfin sa vengeance ? Mais la joie des supporters
indiens est de courte durée, car Smith se fait proprement plaquer par Madanchi
tandis que Kvakkestad sort au devant d'Ebi...
La réputation de "Kvak" n'est plus à faire. On ne compte pas le nombre de
joueurs adverses qui se sont plaints de picotemens aux yeux après l'avoir
croisé, ni de supporters indignés qu'un tel phénomène reste aussi souvent
impuni... Il n'en demeure pas moins un joueur sympathique, et sans doute
sera-t-il touché par le sourire espiègle de Ben Ebi se remémorant le bon vieux
temps des entrainements à Ziguinchor, quand Kvak n'était que le petit jeune
dernier arrivé dans l'effectif, le seul qui lui procurait involontairement un
peu de réconfort car il était le seul que Ebi réussissait parfois à
esquiver.
Et vlan. Kvak a choisi de plaquer plutôt que de piquer et mal lui en a pris
: il glisse sur le parquet et Ben Ebi reste seul debout !! Le but grand ouvert,
un peu en biais. Les 14000 spectateurs se sont relevés d'un bond et retiennent
leur souffle. Ebi va-t-il tenter de servir Smith au centre pour ce but si
important ? Non, il ne veut pas la rater cette occasion, il le veut pour
lui-même ce but, ll prend le risque de tirer direct !
Sur son banc, Patou Schminoosh a détourné les yeux mais l'explosion de joie
dans les gradins a tôt fait de le ramener à la réalité. Il se lève et tente de
rassembler ses troupes. Inutile de revenir sur la poisse de ce 1er quart-temps,
inutile aussi de rappeler aux joueurs ce qu'ils doivent faire sur l'attaque à
venir. Simplement les exhorter à lutter, ne pas baisser les bras, il n'y a que
0-5. La 1ère attaque qu'il a concotée est imparable. Sadegian égalisera, et au
3e quart, si New Delhi ose rattaquer de cette manière, cette fois le contre
passera, c'est pas possible autrement.
Le 2e quart débute déjà. Hourloup' s'est clairement positionné pour une
attaque en passe, Hunter à la manoeuvre balle en main. Mais les buteurs Da Silva
et Vijayan sont toujours sur le banc, seuls Madanchi et Kvak se placent en retrait
sur le terrain alors que Sadegian, accompagné de Knowles, est le 1er à foncer vers le camp
adverse, où Zawieja, Volo et Cotter s'avancent prêts à le recevoir de pied ferme
! A mes côtés, les journalistes écarquillent les yeux en essayant de deviner ce
qui va pouvoir se passer. Un confrère statisticien s'enthousiasme dans un
charabia incompréhensible : "Hourloup' aligne 3 flèches à + de 55 d'ini et CS
oppose un cinq de base à 53,4, c'est du jamais vu !" Mon petit vieux de voisin,
lui, fait mine d'avoir tout compris. "C'est Hourloup' hein, vous y fiez pas, ils
partent là comme ça, mais à l'arrivée ils seront partout sauf là !"
Sadegian a infléchi sa course et semble lui donner raison, d'autant que
Knowles s'amuse à mystifier le 1er rempart adverse. Derrière, Khundrakpam et
Smith décident finalement de se ruer vers la balle, mais Hunter réalise un
superbe changement de jeu pour démarquer Sadegian et Kvakkestad oubliés sur
l'autre aile ! Ca sent le roussi pour les locaux. Sadegian entre dans la zone de
but et repique tranquillement au centre pendant que Knowles empêche Smith de
revenir. Les supporters indiens se prennent la tête à deux mains. Seul
Khundrakpam effectue un retour désespéré sur le capitaine d'Hourloup'
mais celui-ci arme déjà sa frappe. Le dernier tir, le plus important de sa vie.
"Même si l'autre le gêne et qu'il foire son tir, il y aura Kvak tout seul
pour récupérer en 27, c'est foutu pour CS ! 5-5 garanti" assène mon
confrère.
Le tir à mi-distance de Sadegian est parfait.
Mais que dire alors de la prodigieuse interception réussie par Khundrapkpam
à bout portant ?! Hallucinant. Le stade est en ébullition, le public,
hystérique.
"Pas mal, ça me rappelle Erling 'Golden Wall' Ryan, ça s'était un grand
gardien !", commente mon voisin. Je ne vois que son grand âge susceptible
d'expliquer pourquoi personne n'a encore osé lui mettre une baffe.
Sur le terrain, c'est la foire d'empoigne. Zawieja est trop occupé à
s'acharner sur Madanchi, et Khundrakpam tente de relancer sur Cotter. Knowles
intercepte mais se fait illico étendre par Volochine. La balle n'est déjà plus à
terre, c'est Ilivasi Smith qui se retrouve avec la sphère dans les mains et la
brandit en vainqueur !
Emporté par son élan, Sadegian atterit contre le mur des buts et se
retourne pour constater les dégâts. Son grand rival a beaucoup plus que la balle en main,
il a le match entre ses doigts. Un coup d'oeil suffit pour juger la trajectoire
de Smith et la distance qui le sépare de la zone de buts d'Hourloup'. Il reste
suffisamment de secondes pour y arriver. S'il marque son tir de loin, le match
est plié.
Smith choisit d'avancer au centre, protégé par Zawieja et Cotter, porté par
le public qui scande son nom. Seul contre trois et contre quatorze mille,
Madanchi n'est pas de taille à s'opposer contre indien.
Il reçoit soudain un soutien inattendu en la personne de Hunter, revenu de
l'arrière. Sans se poser de question, Zawieja envoie valdinguer Hunter, sous le
regard stupide de Chidi Cotter qui ne semble pas s'interroger non plus. C'est
pas au dernier jour de sa carrière qu'on va lui demander de tenter un placage !
Mais la diversion profite à Madanchi, incrédule de cette dernière chance qui lui
est laissée. Il se relève et se jette sur Smith, marquant un magnifique sack
pour son équipe !
Hourloup' est encore en vie. Zawieja peut bien récupérer la balle, esquiver
Madanchi et passer à Smith, il est trop tard quand celui-ci se démarque enfin et
atteint le milieu de terrain. Le gong résonne. Le score en reste à 5-0 pour les
locaux.
Pas le temps de calculer, à peine le temps de reprendre ses esprits : les
joueurs repartent au charbon. La peur est montée d'un cran, les joueurs de Cyber
Shaolin semblent devenus incapables de poser le jeu et optent pour une attaque
en force. Fouette, Cotter ! L'Américain fonce vers le but adverse accompagné de
toute son équipe. La tactique ressemble fort à celle qui lui avait permis
de marquer le but de la victoire il y a quinze jours.
En face, la défense d'Hourloup' penche encore au sud. Comment bloquer un
blitz dans ces conditions ?! Moqué par le public, Vijayan s'avance timidement à
la rencontre du pack mais se fait impitoyablement balayer par Volochine.
Survient alors Kvakkestad.
Il ne croisera pas le sourire de Ben Ebi cette fois-ci. L'auteur du 1er but
indien est désormais scotché sur le banc, une immense satisfaction sur son
vsage, les yeux rivés sur Patou Schminoosh depuis tout à l'heure, guettant le
moment où leurs regards se croiseront. Il n'est plus dans le match.
Zawieja hésite à plaquer Kvakkestad mais finalement retient son geste, le
coach lui a demandé de rester debout le plus loin possible. Kvak agite la
main... Le public se bouche déjà le nez ! Mais rien ne se passe. Peut-être
refroidi par le souvenir des matchs contre Simth et les Darks la saison
dernière, le Norvégien semble avoir renoncé tout de bon à des attaques illicites
sur ce match. Seul contre quatre, il réussit l'exploit d'esquiver Straeuli mais
ne peut rien faire contre le plaquage de Smith. Au grand soulagement des
supporters, Cotter continue sa route et pénètre dans la zone de but.
C'est au tour de Madanchi de tenter de s'interposer. Zawieja, bien décidé
de ne pas se faire avoir deux fois dans le même match, lui décoche un violent
coup de pied qui l'envoie au sol. La voie est libre pour Cotter.
Reste Alam Sadegian. Le capitaine d'Hourloup' est demeuré figé depuis le
début du quart-temps, bien planté devant les buts. Oh, ça fait un moment qu'il
n'a plus réussi un arrêt digne de ce nom, le Sadegian. Même si mon voisin, dont
les propos sont heureusement couverts par les clameurs montant des tribunes, est
sans doute en train de rappeler les exploits que le goal d'Hourloup' réalisa
jadis contre les Anderson et autre Demyanenko. Les rares fois où il est resté
dans les buts, ces dernières saisons, il n'a rien arrêté. Mais c'est son dernier
match ce soir, c'est le moment où jamais de réussir un dernier geste. En face,
Cotter peut en dire autant : pour lui aussi, c'est la dernière chance.
La tenson monte encore d'un cran. Ineluctable, le duel Cotter-Sadegian
s'annonce comme le tounant du match. A 10-0, c'est fini, New Delhi est sauvé et
Hourloup' plonge en Golden. En revanche, si Sadegian stoppe le tir, les
Revengers semblent mal placés pour contre-attaquer mais limitent l'écart à 5 pts
avant le dernier quart où ils partiront balle en main.
Ce sera forcément un tir à mi-distance, aller jusqu'au but serait prendre
le risque d'une ultime tentative de plaquage de Sadegian. Ou d'un sack du 5e
homme, Tsipko, que Cotter vient d'immobiliser dans sa course alors que le lourd
bloqueur russe se repliait dans sa zone de but. Sans doute Sadegian voit-il
arrriver d'un bon oeil la présence de Tsipko entre Cotter et lui : une gêne
supplémentaire pour le tireur, c'est toujours bon à prendre pour le gardien. Les
yeux rivés sur la balle, il sait de toute façon qu'il n'a pas d'autre choix que
d'arrêter ce but.
Et pourtant...
Après l'hallucinante interception de Khundrakpam sur l'attaque précédente,
voilà pire encore. Les 14000 spectateurs - et les millions d'holospectateurs -
restent eberlués devant ce qu'ils viennent de voir. Cotter s'est élancé. Cotter
a tiré. Mais la main du gros Tsipko s'est levée in extremis pour bloquer la balle
sans difficulté avant même qu'elle n'avance de 10 cm ! Incroyable.
Mêlée. Straeuli déséquilibre aussitôt Tsipko, mais le combat vient de
changer d'âme. Prostré par l'échec de son tir sans conviction, Cotter laisse
Sadegian, plus prompt, se saisir de la balle. Rippersly se mord sans doute les
doigts de ne pas avoir gavé son blitzer de pyschotropes accélérateurs cette
fois-ci !
Straeuli ne peut rien faire contre Sadegian, et voilà Hourloup' qui part en
contre-attaque. Volo et Smith ne sont toujours pas décidés à lâcher Vijayan et
Kvak, aussi la longue relance de Sadegian vers le camp adverse ne trouvera
personne : Toujours 5-0 pour New Delhi, mais Ziguinchor revient de loin et garde
espoir de renverser la situation au dernier quart...
Dans l'enceinte de l'Ultra Stadium, l'inquiétude est à son comble. Au fur
et à mesure des rebondissements, les chants et les encouragements ont peu à peu
laissé place à un concert ininterrompu de hurlements et de vociférations.
Débordés, ou peut-être trop fascinés par le match, les agents de sécurité
semblent avoir renoncé à évacuer certains spectateurs blessés ou victimes de
malaise.
Qui sera en état de jouer ce dernier quart ? De chaque côté, toutes les
stars sont présentes sur le terrain depuis le début : Zawieja, Smith et Cotter
ont joué les trois premiers quart-temps, Sadegian, Kvakkestad et Madanchi aussi
!
Finalement il n'en restera que deux pour le dernier acte : Smith contre
Sadegian ! Finir sur les rotules, mais jouer jusqu'à la mort s'il le faut,
sauver ce qui peut l'être encore dans ce dernier match de folie. Cotter a
disparu par contre, peut-être est-il parti vomir sa détresse au vestiaire,
pendant qu'une partie de la foule semble décidée à réclamer sa tête.
Les deux coachs ont incorporé du sang neuf : Da Silva entre enfin pour
Hourloup', et Balabanov côté Cyber-Shaolin, dont la défense a encore gagné en
vitesse par rapport au 2e quart-temps !
Le choc promet d'être somptueux, mais cette fois c'est Sadegian qui donne
le tempo en démarrant comme une fusée. "De mon temps, Bob Anderson courait
presque deux fois plus vite", parvient tout de même à placer mon voisin,
profitant d'une basse de décibels liée à la stupeur qui commence à refroidir les
ardeurs des supporters indiens. Au fait, personne ne veut le prendre comme
punching-ball, ce vieux ?!
Sur le terrain, ça part dans tous les sens. Sans quitter leur ligne de but,
Hunter et Da Silva s'échangent la balle et se lancent dans un drôle de ballet
qui donne le tournis à Volochine, le jeune russe n'a malheureusement pas dû faire beaucoup
de séances d'entraînement au Bolchoï de Moscou.
Sadegian danse aussi. "5 - 16 - 8 - 24 - 25, mais il va où à la fin ce con
???", hurle un collègue qui tente désespérement de noter la stratégie pour son
journal. Visiblement, Zawieja et Khundrakpam se le demandent aussi et semblent
impuissants à arrêter le capitaine des Revengers.
Et Smith ? Flanqué de Balabanov, le voici qui prend finalement l'option de
répondre aux provocations de Da Silva et se précipite vers le camp adverse. Dans
les tribunes, l'inquiétude cède bientôt la place à la consternation. Loin de
l'action, un joueur d'Hourloup' s'avance tout seul au sud et se rapproche du
bonus, c'est lui qu'il fallait surveiller ! A la consternation se mêle
rapidement la colère. Lui, c'est Mahendra Vijayan. Traître ! Vendu !! Trop tard.
Smith est trop éloigné de la balle que Da Silva a redonné à Robbie Hunter, et
celui-ci a tout son temps pour se préparer à ajuster la passe mi-longue qu'il va
adresser à son buteur.
Deux plaquages seulement sur l'ensemble du quart-temps. Cette saison dédiée
à SHB s'achève sur un festival de feintes qui doit faire se retourner dans sa
tombe l'inventeur du Love Train.
Sur son banc, Rippersly voit s'envoler ses derniers espoirs au gré des
déplacements erratiques de ses joueurs. Seul Ben Ebi a encore le sourire,
quoique il commence à fatiguer un peu.
Sur le sien, Patou respire, mais ne desserre pas les poings. Bonus + shot,
6 pts dans la musette, victoire et on n'en parle plus ! Le suspense n'a que trop
duré. Lance lui la balle, Robbie !
C'est parti.
De nouveau, un concert de cris assourdissants. L'hystérie reprend le
dessus. A côté de moi, le vieux vient de s'écrouler. J'ai pas entendu mais il a
dû dire encore un truc, sans doute le souvenir d'une passe ratée qu'il a vu lors
de je ne sais quel match préhistorique. La phrase de trop.
Hunter a foiré sa passe ! La peur, encore une fois ?
Balle au sol entre le but et le bonus. Vijayan est le 1er dessus, mais
Khundrakpam se rapproche. Il ne reste qu'une poignée de secondes. Pour
Hourloup', la victoire s'est envolée. Seul le nul est encore accessible si
Vijayan marque le but de l'égalisation. Le but du maintien ? Voilà le blitzer
qui recule pour augmenter l'angle de tir. La trajectoire est dégagée.
Khundrakpam ne sauvera pas deux fois son camp : il préfère foncer vers Sadegian,
laissant le champ libre au tireur. Les imprécations volent. Cachés dans un coin
du stade, les parents de Mahendra ne savent plus s'ils doivent souhaiter la
réussite ou l'échec de leur fils. Leur vie ne tient peut-être plus qu'à ce tir
là...
Je me surprends à jeter un regard au vieux, guettant une dernière analyse
dont il a le secret. Mais il gît au sol et ne s'est pas relevé. Ce n'était pas
une baffe alors, le coeur sans doute. Trop tard pour rappeler Josette.
Dommage.
Le match est terminé en effet. Silence de mort. Vijayan a cadré son tir
: 5-5, score final.
"Regarde la 33 !" Ilivasi Smith s'est arrêté là, appuyé sur Balabanov, le
regard dans le vide. Ses coéquipiers et le staff de New Delhi sont
effondrés. Pas d'effusion de joie de l'autre côté, Patou Schminoosh semble dans
un état second. Le buteur Vijayan ne sait pas s'il doit se féliciter de son but
ou craindre les remontrances du coach pour s'être contenté de 5 points. Les
insultes du public lui font vite comprendre qu'il vaut mieux déguerpir tout de
suite au vestiaire. Hunter, catastrophé par sa boulette, l'y attend
déjà...
L'ambiance devient vraiment malsaine. Certains de mes confrères s'affairent
à s'enquérir du score final des autres matchs, l'avenir en Platinium d'Hourloup'
et de Cyber Shaolin est désormais à ce prix. "La victoire de Darwin chez les
Renegades ne faisait aucun doute, New Delhi est condamné !". "Le salut
d'Hourloup' dépend d'Oulan-Bator. C'en est où là-bas ?" Je préfère m'en aller
avant de savoir. Ce soir, deux belles équipes ont mérité de vaincre, elles ont
d'ailleurs eu tour à tour la victoire au bout des doigts.
C'est la peur qui a gagné.
- "Leaper ? Killer Leaper ? Ah la la, c'était pas une fiotte celui-là
au moins !"
Mais putain, il bouge encore. Achevez le...
Ecrit par Alice Hudukomba, le Vendredi 29 Juin 2007, 12:31 dans la rubrique Articles & interviews.
Commentaires :
KG
01-07-07
à 11:58
Re: Ca a ete chaud
Fantastique résumé, merci pour cette belle plume Patou !! J'ai vraiment vécu le match comme si j'y étais. Plus qu'une envie: voire réellement le match ^_^
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Ca a ete chaud