Hourloup' Revengers

A 2 jours du grand derby de la Ligue Platinium entre les Hourloup' Revengers de Zinguinchor et l'Etoile Rouge de Bamako, le manager général d'Hourloup', Patou Schminoosh nous a confié ses souvenirs et son respect vis à vis du coach français de l'équipe adverse. Si ce match sera la première rencontre entre les deux personnages sur un terrain d'ultraball, leurs premières passes d'armes remontent déjà quelques années en arrière, au temps de la Cyber League...

Propos recueillis par Iva Tounoudire

- Patou Schminoosh, ce derby qui fait vibrer toute l'Afrique de l'ouest est aussi pour vous l'occasion de retrouvailles avec un coach que vous connaissez bien ! A quelle occasion avez-vous fait connaissance avec SHB ?

Patou Sch. : - C'était une autre époque, celle de la Cyber League et des matchs de fightcyball. Tout d'abord, avant de le croiser au bord d'un terrain, j'avais suivi dans les médias les exploits des Seventeen Loners, l'équipe qu'il coachait à l'époque. Lorsque moi-même j'ai débuté en Cyber League chez les Hourloup' Defenders, sous les ordres de Jean Titouplin, les 17 Loners étaient en effet l'équipe montante de la League, avec ce jeune coach SHB à leur tête qui bouleversait les pronostics et les shémas tactiques en place.

Je me souviens avec émotion du spectacle de la finale de la 1ère Coupe, lorsqu'ils avaient battu la grosse armada des Tragedy For You malgré la main-boulet que possédait Never Stop. C'était le premier match retransmis dans le monde entier, un grand événement à l'époque. Pour nous en Hourloup' qui débutions dans la League, c'était une référence, un exemple à suivre.

Dans la foulée, cet exploit avait été relayé par la parution du premier numéro de La Défense Loujine, un journal populaire, révolutionnaire, pur produit de l'imagination de SHB. En même temps, c'était l'acte de naissance d'un grand personnage médiatique. Il avait déjà tout compris sur la toute-puissance des médias, le sens de la formule-choc, la force des images ! Même son chien Jimmy B est devenu un monument de la League. Et puis il y avait déjà ce côté à la fois humaniste et pragmatique : la 'DL' c'était un journal multi-usage, on pouvait aussi s'en servir pour se torcher ou pour enrober les frites. Certains cyborgs faisaient même les deux à la fois, tout en affichant dans les vestiaires les posters de pin-ups qui garnissaient généreusement les numéros !...

 - Puis vint le temps de matchs au sommet contre les Seventeen Loners. Quels souvenirs vous ont-ils laissé ?

- C'était chaque fois un gros match. SHB était déjà devenu un "monstre sacré", jouer contre son équipe c'était vraiment un moment particulier, le truc qui marque ta carrière. La première chose qui me revient à l'esprit c'est notre demi-finale contre eux lors de la 2ème édition de la Coupe. On avait gagné de justesse en fin de match il me semble, je crois qu'il s'en était fallu de peu que la passe décisive d'Ipi Pipoura ne soit interceptée !...

C'était déjà la 2e ou 3e fois qu'on rencontrait les Seventeen Loners. La première avait tourné au désastre pour nous, alors qu'on restait sur une grosse série de victoires. Mais Petit Scarabée nous avait fait la totale, c'était le cyborg qui portait le super méga-greffe mise en jeu sur la 1ère coupe et il s'était balladé. Cela nous avait écoeurés au point que quelques tours plus tard, j'ai moi-même refusé de recevoir la greffe promise au capitaine vainqueur de la 2e coupe.

Par la suite, je crois qu'il n'y a pas eu tant de matchs que ça entre Hourloup' et les Loners. Dans le système de la Cyber League, lorsque deux équipes de tête se respectaient (et se redoutaient), elles pouvaient se débrouiller pour se rencontrer le moins souvent possible... Je me souviens seulement d'un dernier match, bien plus tard, contre Make My Day et consorts, à une époque où SHB avait pris du galon au point d'être devenu le principal dirigeant de la League avec ses Guérilleros Associés.

La 'Révolution' gagnait du terrain. Peu après ce match controversé, coach Titouplin avait lui-même été remplacé à la tête de l'équipe par le Collectif H, avant d'être exilé à Hourloup'-les-Bouses, où il devait se suicider quelques mois plus tard.

J'ai arrêté ma carrière de joueur à ce moment là, mais je suis resté dans le milieu et j'ai pu apprécier tout ce qui avait été accompli sous le "règne" de SHB. De même que j'ai été très heureux quelques années plus tard lorsque je l'ai vu pointer le bout de son nez pour participer à l'aventure de l'Ultraball.

- Vous n'avez pas été surpris de le voir sortir de sa retraite en France pour débarquer non loin d'ici, à Bamako, dans un pays où l'ultraball n'était qu'à l'état balbutiant ?

- C'était un challenge à la mesure du personnage ! Je crois que c'était aussi pour lui une sorte de retour aux sources.

D'un autre côté, Fol de Dol et moi-même avions déjà montré, à Bobo-Dioulasso et à Ziguinchor, que l'ultraball-spectacle avait sa place dans nos régions, et que nous pouvions rivaliser avec les meilleurs de Platinium.

Shb a démarqué à Bamako avec ses méthodes : une communication parfois outrancière mais aussi une gestion scrupuleuse, une rigueur tactique avérée, une passion communicative... C'est quelqu'un qui ne laisse pas indifférent, même si sa façon de faire crée parfois aussi des inimitiés. Il a toujours eu le don pour découvrir les défauts d'un système (ou en tirer partie) et appuyer le doigt où ça fait mal, plutôt deux fois qu'une... Il a toujours eu aussi une conscience aigüe des problèmes rencontrés par ceux qui sont tout en bas de l'échelle. Son implication dans l'ultrabal est assurément un bonus pour notre sport.

Quant à son ascension sportive en élite, elle semble tout à fait logique et méritée. Reste à voir juqu'où elle se poursuivra, même si Hourloup' est bien décidé à conserver sa suprématie régionale !

- Pour en revenir à ce derby justement, l'Etoile Rouge contre Hourloup' Revengers, c'est aussi une belle opposition de style !
D'un côté une équipe réputée pour son jeu rugueux " anti-lopettes-intellos-faible-des-bronches", basé sur des joueurs 'bruts de décoffrage' toujours prêts à foncer dans le tas, et de l'autre une longue tradition de jeu de " combinaisons et fausses pistes ", qui fait plus appel à l'intelligence des joueurs qu'à leurs capacités physiques… ?

- C'est vrai qu'il y a des traditions qui remontent loin en arrière et sont désormais bien ancrées dans la mémoire collective des deux camps. Mais ce sont surtout des clichés qu'on se plaît à entretenir. Vous savez, physiquement on ne craint pas grand monde : Hourloup' n'a pas subi le moindre kill depuis 3 ans !

Par contre, il faut reconnaître que nos méthodes d'entraînements nocturnes, si elles ont depuis longtemps prouvé leur efficacité, n'en sont pas moins éprouvantes pour les neurones. C'est pour cela que nous avons régulièrement besoin de recruter des joueurs qui en aient quelques-uns en réserve !…

L'important en définitive reste le sens tactique du coach. Visiblement, SHB sait tirer le meilleur parti de ses joueurs en terme de positionnement et de cohérence collective. L'ascension fulgurante de l'Etoile Rouge ne s'explique pas par un Bomberman, un Frisk ou un Mooney, c'est une équipe où le danger peut venir de partout !

- Quel sera le visage d'Hourloup' Revengers pour faire face à cet adversaire ?

- C'est le coach Booh Jdela qui décidera en fonction des derniers entraînements. On a prévu quelques séances particulièrement corsées ce week-end, cela permettra de tester quels sont les joueurs qui pourront être à la hauteur de l'événement. Nous allons d'ailleurs convier fraternellement le staff et les joueurs de l'Etoile Rouge à venir communier dans cette préparation avec nous.

En tout cas la pression sera de la partie, il va nous falloir des gars qui aient des grosses vessies ! Pour l'instant tout le monde paraît en forme, même Aimé Vervoort semble en mesure de jouer, il y aura l'embarras du choix...

Là où on n'a pas le choix, c'est qu'il faudra être solides et conquérants si on veut aller chercher la victoire !